28.09.2023

Myrlise Lavaud lance un nouveau concept de gourmandises

Marigot. Rue de l’Anguille. C’est dans cette petite rue que Myrlise Lavaud vient d’ouvrir sa boutique, The Caribbean Donuts.

Originaire d’Haïti, elle arrive sur l’île en 2005 à dix-huit ans. «Ma mère avait quitté Haïti lorsque j’avais deux ans afin de s’installer sur Saint-Martin dans le but de nous faire venir près d’elle mes sœurs et moi. Quelques années plus tard, je découvrais l’île», explique-t-elle.

L’année de son arrivée, Myrlise intègre le lycée professionnel Daniella Jeffry, anciennement lycée polyvalent des îles du nord. Elle passe un CAP restauration et à la suite un bac professionnel services et commercialisation. Pendant cette période, Myrlise travaille dans plusieurs restaurants gastronomiques de Grand Case, comme le Pressoir, mais également à la Marina Royale.

En 2008, elle décide de s’envoler pour Montpellier afin d’avoir une autre expérience professionnelle. Elle y entame une première saison qui sera de courte durée car cela ne lui conviendra pas en raison du choc culturel, indique-t-elle. «Je n’étais pas prête mentalement à vivre ça à l’époque. Vivre dans une grande ville, est totalement différent, notamment l’accueil, la température etc. », confie-t-elle. Elle décide alors de revenir sur Saint-Martin, sa terre d’adoption.

Elle y retrouve un ancien professeur qui lui trouve un poste à Saint-Barthélemy où elle effectue deux saisons. De retour sur son île, sa tante lui demande d’aller passer quelque temps en vacances dans le Nord-Pas de Calais en Hexagone.

Myrlise s’installe alors à Lille en 2012. Là-bas, elle n’était pas seule et avait une famille, elle était donc mieux préparée psychologiquement. Elle y reste neuf ans. Ce passage lui a permis de travailler dans plusieurs restaurants gastronomiques, notamment sous la direction du chef doublement étoilé, comme Marc Meurin aux commandes d’un château dans le nord de la France. «Au départ, je n’étais pas partie pour rester à Lille, mais j’ai réussi à obtenir un CDI, chose que je n’avais jamais eue à Saint-Martin, du coup les choses ont changé », commente-t-elle.

Grâce à cette expérience aux côtés de Marc Meurin, Myrlise ne cesse d’apprendre, découvre une autre culture, s’ouvre au monde, change de monde culinaire et approfondit ses compétences dans la restauration. « Cela m’a vraiment aidé », insiste Myrlise. « Comme j’étais avec un chef étoilé j’ai vraiment apprécié, j’y suis resté près de sept ans. Cela m’a apporté à mieux gérer mon temps, la rapidité etc., j’ai commencé en tant que serveuse, commis de salle puis chef de rang », poursuit-elle.

« Lorsque nous sortons d’une famille haïtienne, la gastronomie française nous ne l’avons pas dans nos assiettes. Par exemple, le bon vin et le bon fromage nous ne l’aurons pas sauf si notre parent en est amateur », reconnaît-elle. Pour autant, « voyager, voir autre chose, s’exposer à d’autres cultures, nous avons des perspectives différentes de la vie tant pour sa vie professionnelle que personnelle », complète Myrlise.

En novembre 2021, Myrlise Lavaud rentre sur Saint-Martin en débutant une nouvelle saison au restaurant Ocean 82 où elle rencontre son actuel compagnon et pâtissier qui l’aidera à mener à bien son nouveau concept.

Au départ, elle avait l’idée d’une boutique de macarons plutôt que de donuts, mais après mûre réflexion, elle s’est rendue compte que «pour toucher les touristes et les Saint-Martinois, il fallait trouver le produit qui serait apprécié par les deux », exprime l’entrepreneuse. De ce fait, l’idée de Caribbean Donuts, née. En effet, depuis quelque temps, « les Américains sont en train de s’installer dans toutes les villes avec les boutiques donuts. Mon conjoint est en train de monter une pâtisserie, qui ouvrira en octobre à Mont Vernon, je me suis dit pourquoi ne pas monter mon projet de donuts également», explique-t-elle.

Pour concrétiser son projet, elle s’appuie sur Initiative Saint Martin Active , elle présente son projet cette année à l’équipe qui a pré-accepté l’idée du concept. Puis elle l’a présenté aux banquiers. « La première commission a refusé mon dossier, puis j’ai retenté », témoigne Myrlise. « Le jour où je suis passée devant le jury, je suis arrivée avec plein de donuts face à la commission composée de professionnels et banquiers et rapidement j’ai eu une réponse positive et mon prêt a été accordé !», raconte Myrlise.

L’inauguration de la boutique a eu lieu samedi dernier. Si Myrlise devait faire passer un message, ce serait que "la résilience est essentielle dans sa vie et que malgré tout on peut rebondir et faire de belles choses". 

Siya TOURE